L’aventure de l’aéronautique à Méaulte commence en réalité dès 1922,
En 1936, l'industrie aéronautique est nationalisée par le Front populaire par intérêt stratégique. L'usine de Méaulte est reprise par la Société nationale des constructions aéronautiques du Nord (SNCAN) dont Henry Potez est nommé administrateur-délégué. Le bureau d'études et l'atelier de fabrication des prototypes, situés sur le même site, restent en revanche propriété de Potez.
Plusieurs fois bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment par la Royal Air force, l’usine sort de ce conflit exsangue. L'industrie aéronautique mondiale est alors dominée par les États-Unis. Douglas, Boeing et Lockheed bénéficient de l’important effort de guerre américain et construisent un grand nombre d'appareils militaires dont les versions civiles commerciales connaissent un grand succès. L’arrivée, à la fin de la guerre des premiers avions à turbo réacteur bouleverse la physionomie de l’aéronautique mondiale. Malgré tout, la production reprend assez vite et le retard accumulé sur les Américains est rattrapé rapidement. Les premiers appareils français dotés de turbo réacteurs sortent dans les années 50.
En 1958, la SNCAN devient Nord-Aviation. La même année, l’usine voit son dernier avion complet sortir de ses chaînes de production, le Nord 3202. Un changement de production s’opère et désormais les compagnons commencent à produire des éléments d’avions pour des programmes aéronautiques nationaux (voilure des Mirage III, engins cibles).
DE LA SNIAS A AIRBUS ATLANTIC
En janvier 1970, Nord-Aviation et Sud-Aviation fusionnent pour devenir la Société nationale industrielle aérospatiale (SNIAS). En décembre de la même année, face à l’explosion de la demande de l’aviation civile et en réponse à l’organisation des Américains, un consortium, du nom d’Airbus, est créé par l’Aérospatiale, Messerschmitt-Bölkow-Blohm et VFW-Fokker pour développer et produire l’A300. Entre 1972 et 1976, les compagnons
La SNIAS est officiellement rebaptisée Aérospatiale en 1985 et deviendra Aéropastiale-Matra en 1998, l’État détient alors 48% des parts de cette nouvelle société.
LE TOURBILLON DES ANNEES 2000
En 1999, l’usine se spécialise dans les pièces métalliques en alliage léger. À quelques semaines du nouveau siècle, Aérospatiale-Matra fusionne avec l’allemand DaimlerChrysler Aerospace et l’espagnol Construcciones Aeronáuticas Sociedad Anónima. La nouvelle société européenne prend le nom d’European Aeronautic Defence and Space company (EADS), avant d’être renommée Airbus Group en 2014 puis Airbus en 2017.
L’ouverture, en 2007, de la plateforme aéroportuaire, financée par le Conseil départemental de la Somme, Airbus et la Communauté de communes du Pays du Coquelicot avec accès direct à l’usine, pérennise l'avenir du site alors qu’Airbus connaît un trou d’air financier et commercial. Successivement, l’usine changera de nom durant les deux premières décennies du XXIe siècle : EADS, Airbus, Aerolia puis Stelia Aerospace en 2015. Le 30 novembre 2021, l’usine Stelia Aerospace de Méaulte change de nom et devient l’un des sites de production clés d’Airbus Atlantic, filiale à 100% d'Airbus.
L’usine participe dès 2001 à d'autres programmes prestigieux : en fabriquant les pointes avant et les cases de train d’atterrissage de l'A380 puis, quelques années plus tard, celles de l’A400M.
Aujourd'hui, le site de Méaulte regroupe environ 1 500 personnes sur 47 hectares ; il est spécialisé dans la production des pointes avant des avions de la gamme Airbus (de l'A318 à l'A400M), mais plus que jamais, les compétences sont tournées vers l'avenir. C'est en ce sens, qu'en 2017, sous la bannière Stelia Aerospace, a été inauguré le concept "d'usine aéronautique du futur". Ainsi, après avoir investi 10 millions d’euros dans un bâtiment de 8 000 m2, destiné à faciliter la production des ensembles construits en matériaux composites pour le programme A350, ce sont 70 millions d'euros qui ont été nécessaires pour reconfigurer les lignes de production. Cette nouvelle organisation s'est accompagnée d'une numérisation des procédés. Trente-cinq nouveaux robots et machines de rivetage ont été installés et, désormais, chaque opérateur s'appuie sur les outils de pilotage de la production, fiches 3D sur tablette tactile, réalité augmentée pour les activités d’assemblage et de contrôle qualité. Elle est devenue l'une des usines les plus modernes d'Europe. Mais les défis qu'Airbus doit désormais relever sont tout autre, économiques et écologiques.